Episode 7

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Ça vit dans le GAEC

Depuis plusieurs semaines, Bruno, agriculteur dans le département de la Manche, nous fait part de son expérience de vie en société. Le personnage de Bruno est fictif mais son témoignage s’inspire de faits réels rencontrés quotidiennement dans les sociétés agricoles. Dans cet épisode, Bruno aborde la question de la solidarité entre les associés.

Episode 7/10 – Un métier à risques

« Avec chacun de mes deux associés successifs Michel et Aurélie, j’ai été confronté à un problème de santé. Le premier me concernait. Le deuxième regardait mon associé. »

La situation rencontrée par Bruno, associé imaginaire, peut malheureusement survenir sans prévenir à n’importe quel agriculteur et perturber l’activité de l’exploitation. Dans cette situation, être en société est un plus comme le démontre Bruno dans son témoignage.

Un grave accident du travail

Peu après mon installation, j’ai eu un grave accident du travail. Ma faucheuse a bourré et en voulant retirer l’herbe coincée, j’ai eu un retour de lame.
Les sécurités des outils modernes n’existaient pas. Deux doigts de ma main droite ont été sectionnés. Heureusement, ce jour-là, mon frère Michel était à mes côtés.
 Il avait son diplôme de secouriste et il a eu les gestes justes. Il a stoppé l’hémorragie et il a eu la présence d’esprit de récupérer les phalanges sectionnées.
L’opération qui a suivi a été un succès. J’ai retrouvé l’usage de tous mes doigts. Mais ce fut long et douloureux.

Une convalescence sereine

Celui-ci et celui-là, je te les dois !Durant mon absence, mon frère a pris en charge l’exploitation.
Ma convalescence a été sereine et je n’ai pas eu la tentation de reprendre le travail trop rapidement, au risque de remettre en cause les résultats de l’opération. Une fois revenu sur la ferme, de nombreuses tâches m’ont été interdites, en particulier celles liées à la traite.
Mon frère les a assumées. Si j’avais été exploitant individuel, je ne sais pas ce qui serait arrivé, à la fois le jour de l’accident mais également durant ma période de convalescence.
J’aurai dû faire face à des problèmes quasi insurmontables et je ne serais peut-être plus agriculteur à l’heure actuelle. 

Mon associé perturbé

25 ans plus tard, peu après l’installation de ma fille Aurélie dans le GAEC, j’ai vécu une situation relativement similaire. Mais les rôles ont été inversés.
Ma fille et mon gendre ont dû gérer une situation extrêmement difficile. Leur troisième enfant est né avec un problème qui engageait le processus vital du bébé.
Dès la naissance, il a été transféré par hélicoptère au centre hospitalier régional. Mon petit-fils est resté de longues semaines à l’hôpital. Une fois rentré à la maison, il a nécessité une attention de tous les instants.
Aurélie a été profondément perturbée. Elle devait, en outre, apporter un soutien à son époux qui vivait plus mal qu’elle la situation.
Elle avait également deux enfants en bas-âge dont il fallait s’occuper. 

Une solidarité sans faille

Immédiatement, je l’ai obligée à se dégager du travail de l’exploitation. Par contre, je ne l’ai pas empêchée à venir ponctuellement sur la ferme car je voyais que cela lui faisait du bien, à la fois d’avoir une activité, mais également de pouvoir échanger avec moi.
Dès que je la sentais réconfortée, je la renvoyais chez elle. Cette situation a perduré quelque temps.
Grâce aux progrès de la médecine, ce problème  peut maintenant se corriger. Ma fille et mon gendre ont consulté de nombreux spécialistes. Ils ont donné leur accord pour une série d’opérations.
Le protocole a parfaitement réussi et maintenant mon petit-fils n’a plus aucune séquelle. 

Ne pas « sur jouer »

Lors de ma première série de témoignages, je vous ai raconté que j’étais tellement reconnaissant envers mon frère d’avoir pris en main l’exploitation durant mon accident que j’ai eu l’impression de lui être redevable à vie.
Il ne faut pas que l’un des associés profite de la situation pour obtenir de l’autre associé des avantages hors de proportion/disproportionnés. 

Avantage de la société : faire face aux risques…

La mise en société permet de limiter certains risques auxquels une exploitation agricole doit faire face, qu’ils soient non couverts ou, couverts en partie par l’assurance. Il s’agit par exemple de maintenir la continuité du travail sur l’exploitation en cas de maladie ou d’accident d’un des associés avec la certitude d’être remplacé par des personnes connaissant le fonctionnement de l’exploitation, et ceci de manière immédiate. 

… à condition d’une solidarité et d’une transparence entre associés

Les associés doivent être parfaitement solidaires et se faire confiance mutuellement. Il est nécessaire que toutes les tâches de l’exploitation soient maîtrisées par chacun des associés. Il est également important de poser les choses lorsque la pression est retombée : cela va être long ? Si la réponse est positive plusieurs questions sont à débattre : comment s’organiser ? Quelles sont les répercussions financières liées à l’arrêt d’activité ? Comment prendre en compte les indemnités maladies que l’associé absent peut toucher ? Les rémunérations mensuelles sont-elles maintenues et pendant combien de temps ?

 

Série d'articles réalisée avec la participation financière du Conseil Départemental de la Manche et du CasDAR

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